C’est en 1972 à l’initiative du maire, André Barrière et du conseiller agricole, Bernard Rouilhac qu’est fondé le Foyer rural. La structure s’adresse prioritairement à la population rurale qui habite sur le territoire. Un fort ancrage local répond aux besoins culturels de l’époque. Ils se développent petit à petit en référence aux orientations des Foyers ruraux, Grand mouvement d’Education Populaire Laïque qui souligne » la nécessité d’une éducation des milieux ruraux s’est affirmée en 1936 avec le gouvernement du Front populaire. Quoi de plus naturel! Les vrais révolutionnaires savent que le progrès social est intimement lié au progrès intellectuel et moral. Nous avons vu naître, de 1938 à 1939, une centaine de « foyers paysans » destinés à organiser des loisirs de qualité pour les ruraux, à développer leur intelligence, leur sens artistique, à enrichir leur vie intérieure. »
La structure devait permettre l’accès à la culture et être un lieu d’échanges d’idées.
Au cours des quatre premières années se sont les travaux de rénovation des bâtiments qui ont concentré les énergies des premiers fondateurs afin de rendre fonctionnel l’ancienne gendarmerie.
En 1976 un véritable démarrage d’activités met en route des activités d’Education populaire autour du théâtre, de la photo, danses… Au total, très vite se développe une vingtaine d’ateliers qui donne un rayonnement sur 3 cantons. Les habitants peuvent rencontrer des artistes en résidence, se retrouver autour d’initiatives conviviales, une permanence pour les personnes âgées s’organise…
Les réflexions collectives se mènent avec les habitants. Elles utilisent les premières méthodes actives comme le Brainstorming et le Philips 6×6. On repère dans des compte-rendu d’archives 3 réunions qui ont réuni une centaine de personnes.
Le premier projet qui en découle axe ses orientations sur le développement de la Culture et la formation en milieu rural. Les permanences agricoles répondent aux nouveaux besoins de s’informer et de comprendre les transformations du monde agraire.
C’est à cette époque qu’est créé un journal « Lou cantou » distribué sur le territoire actuellement couvert par Monts et Barrages. On peut lire aujourd’hui un article de Françoise Defaye sur la diffusion de la culture en milieu rural. Sept numéros vont ainsi être édités.
A cette époque, les principes de l’Education populaire peuvent « être qualifiés de descendants » dans la mesure où, un collectif « d’intellectuels » réfléchit et agit au service de la population. Le fonctionnement de l’association repose entièrement sur la bonne volonté de bénévoles. Ceux-ci affirment explicitement un choix éthique laïc. A cette époque, le Foyer rural est seul sur ce champ d’activités sur tout le territoire.
Les ateliers socio-éducatifs se développent, au point que la première salariée est recrutée en 1984 pour animer des ateliers danse. Le théâtre prend encore de l’essor profitant de son aura nationale comme support d’émancipation et d’accès à la culture pour tous. Les arts plastiques et la musique complètent cette dynamique culturelle. Les bénévoles continuent d’animer ces ateliers et gèrent l’association, seuls. Ce, jusqu’en février 1996, date à laquelle est embauchée la première directrice qui complète ainsi une première équipe de permanentes avec la coordinatrice des ateliers et animatrice du Point d’information jeunesse arrivée en mars 1991.
A la fin des années quatre vingt dix, en dehors des activités sportives, le Foyer rural reste seul dans son domaine. Il se veut un lieu d’échanges, de convivialité, d’information et d’amitié. Les activités : musculation, sophrologie répondent aux premières demandes et vont vite connaître un essor fort. C’est aussi l’époque où s’organisent de grandes expositions qui mobilisent des usagers et de lourds moyens matériels. Comme par exemple « les arts de la table »…
LE CENTRE SOCIAL
En 2000 se créé le centre social. Au départ, ce n’est pas une volonté des habitants. C’est la CAF, sous la houlette de Eric Rose ancien assistant social sur Saint-Léonard-de-Noblat qui souhaite développer sur le territoire un centre social à vocation rurale. Les administrateurs l’époque ne sont pas tous d’accord avec cette orientation, certains quittent alors le conseil d’administration. Avec la nouvelle présidente Françoise Defaye le projet se monte prenant en compte les quatre missions d’un centre social.
En référence à ce guide se définit, plus explicitement, une volonté affirmée de travailler avec les habitants en les associant en amont à la réalisation des projets. Le Foyer rural centre social rentre à cette époque dans la phase où les actions d’Education populaire peuvent « être qualifiées d’ascendantes ou pour le moins horizontales ». La population commence à participer aux choix des actions mais aussi des orientations à travers un projet social quadriennal.
Un changement des statuts met à contribution et en responsabilité associative toutes les municipalités concernées en leur ouvrant une place au conseil d’administration. Au début de cette nouvelle période, la municipalité de Saint-Léonard-de-Noblat siège, contribue activement au nouveau dynamisme en, notamment, donnant des moyens supplémentaires de fonctionnement. Mise à disposition des locaux, aide pour leurs entretiens, prise en charge du chauffage…
Des moyens financiers supplémentaires ont contribué à développer une professionnalisation du Foyer rural Centre Social : la création d’un poste d’accueil d’un poste jeunesse. Les règles et législation de la comptabilité associatives se complexifient, le suivi budgétaire impose un salarié à temps partiel dès 2003.
Les bénévoles attachés à une vocation rurale et une culture socio-éducative ne sont plus là.L’association prend en charge le gestion du centre de loisirs de la forestière. Développement du secteur jeunesse impulsé par un animateur permanent. Ce secteur jeunes bénéficie des compétences de Jean Luc Perrot conseiller pédagogique du collège et membre du CA qui conduit une relation très riche entre le foyer et le lycée qui perdure aujourd’hui, à travers divers projets.
Les bénévoles attachés à une vocation rurale et une culture socio-éducative ne sont plus là. Des animateurs permanents les remplacent sur les activités…
Au fil de cette période on assiste à une modification significative du type d’activités proposées dont la palette s’élargit d’années en années. En parallèle, certains ateliers prennent leur autonomie : badminton ; musculation ; danses de salon.
Au milieu des années 2000 l’équilibre entre bénévoles et professionnels se fragilise. Les permanents s’impliquent dans la vie associative car ils en sont issus. Mais ces logiques basculent dans les années 2010 avec la professionnalisation des ateliers. Les logiques s’inversent.
La complexité de la gestion des personnels prend le pas sur la complexité des évolutions sociales et les réponses culturelles à apporter. Ces derniers viennent faire une prestation rémunérée, s’impliquent très peu dans les instances de l’association. De plus le budget général qui à quasi quadruplé en quelques années met en évidence une masse salariale qui représente 70% du total. Au début 2000 cette charge ne représentait que 15 %…
Mais l’association bénéficie d’un apport de personnes nouvelles, dynamiques impliquées dans la vie locale et davantage sensibles aux projets sociaux. Les permanents s’impliquent dans la vie associative car ils en sont issus.
Le conseil d’administration du Foyer rural est resté stable pendant une dizaine d’année. Les administrateurs bénévoles connaissent bien les modes de fonctionnement.
Mais les rouages administratifs et juridiques se complexifient. Et le champ des activités se diversifient à partir de 2008 et jusqu’en 2015. L’association va connaître 5 présidents et bureaux différents. Les adhérents bénévoles s’investissent encore dans la vie associative attirés par les thématiques, les activités, des projets concrets où ils peuvent se réaliser, vivre leur passion, trouver des lieux de pratiques artistiques, musicales, ludiques, sportives collectives. Mais peu s’investissent sur l’ensemble du projet.
En 2013, à la faveur du projet social 2013-2016 de nouvelles orientations sont définies avec les partenaires locaux. C’est l’ouverture d’un secteur famille avec le recrutement d’une nouvelle animatrice. Ce qui est souhaité : toucher de nouveaux publics et élargir les partenariats. Le secteur jeunesse initie la réalisation de projets pensés et animés par les jeunes eux-mêmes accompagnés dans leur démarche. Le projet d’aide à la vie associative s’adresse aux associations du territoire qui se sont multipliées dans chaque commune. La rencontre entre les habitants trouvent une réponse par le biais des ateliers d’échange de savoirs et d’antan, occasion de partager ses expériences et ses savoir-faire pratiques.
Enfin, à l’initiative de quelques habitants se monte l’université populaire en début d’année 2016 après un semestre de rencontres collectives. Le fondement de cette université populaire répond aux valeurs de l’Education populaire et notamment à celui de l’autonomie des personnes dans leur citoyenneté active en respectant le principe éthique selon lequel « se sont les habitants eux mêmes qui exprimeront leurs besoins, leurs demandes et trouveront eux-mêmes les ressources, les ressorts pour y répondre« . La volonté citoyenne est de vraiment mettre les conditions nécessaires à disposition des plus démunis, précaires pour qu’ils s’autorisent à vivre leurs aspirations, à faire connaître leurs expertises sociales, culturelles, expériencielles…